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  • Photo du rédacteurOlivier Scars

EL DORADO 50 ans GRAND SPECIAL RESERVE 43%

Dernière mise à jour : 8 oct. 2020



J’ai une affection particulière à bien des égards pour les rums EL DORADO de la distillerie DEMERARA DISTILLERS LIMITED du Guyana.


En effet, il s’agit de la distillerie qui m’a permis de quitter le monde des rons (rhums de tradition hispanique) pour entrer dans le monde des rums (rhums de tradition anglophone).


CREDIT PHOTO : DRINKHACKER


Mon premier contact avec la marque eut lieu lors du tout premier Rhum Fest Paris du côté de Bastille (boulevard Richard-Lenoir).

Au stand CBH qui la distribue en France, je pus découvrir le 12 ans, le 15 ans et le 21 ans qui me fît grande impression.



La sucrosité que j’aimais tant dans les rons était toujours présente, mais bien moindre et plus subtile, avec d’avantage de caractère et associée à une palette aromatique que je n’avais pas encore connue jusqu’alors.


Convaincu par la gamme, j’achetai alors les 3 bouteilles et je pris beaucoup de plaisir à déguster avec mon ami Jean-Paul en quelques mois.






J’avais entendu parler de l’existence d’une cuvée 25 ans, mais difficile alors d’en trouver  une bouteille en France.

Lors de mon voyage sur la côte Ouest américaine, c’est finalement au bar à rhums / cocktails Smugglers’Cove de San Francisco que je pus la déguster dans sa version 1975-2000.







De retour en France, je finis par trouver cette bouteille dans sa version 1980-2005 sur le site italien Old Whisky.


Avec le recul, je trouve ce rhum clairement trop sucré, je rejoins totalement Cyril de Durhum sur le fait qu’on se rapproche bien plus d’une liqueur de rum que d’un rum à proprement parlé.










Jean Paul étant de 1986, je réussis à lui offrir pour ses 30 ans la 3ème et dernière version sortie 1986-2011, avec la participation de bon nombre de ses amis vu son prix.






CREDIT PHOTO : EDELICE.COM



L’autre raison pour laquelle j’ai de l’affection pour cette marque, c’est que c’est dans la distillerie où sont produits les rums El Dorado que Luca Gargano (patron de Velier) a réussi à dénicher et acheter à son patron YESU PERSAUD tant de rums d’exception, regroupés chez Velier sous le nom de DEMERARA SERIES (Enmore, Blairmont, Diamond, Port Mourrant, Skeldon, Uitvlugt, La Bonne Intention, Versailles et Albion).


Alors qu’El Dorado avait l’habitude d’assembler différents marks (symbole figurant sur les fûts et indiquant le style de distillation et les réglages spécifiques), d’y rajouter volontiers du caramel (comme le révèle Shaun Caleb, maître distillateur et chef de production chez El Dorado, dans une interview donnée à Matt Pietrek de Cocktail Wonk traduite en français par Cyril Weglarz de Durhum) et de réduire sous les 45%, Luca Gargano fît le choix visionnaire pour l’époque d’embouteiller sans réduction ces rhums, sans ajout de caramel et sans blender les marks (sauf pour les 4 toutes dernières releases).



Le succès ne tarda pas à arriver, ces rhums devenant pour leur immense majorité des monstres sacrés pour bon nombre d’amateurs et collectionneurs.


Vous pouvez d’ailleurs retrouver sur ce blog l’ensemble des notes de dégustation de toutes ces cuvées dans ma série d’articles regroupée sous le nom de DEMERARA 7 DAYS.



Depuis, El Dorado a changé de direction et le nouveau patron KOMAL SAMAROO a souhaité stopper les ventes de fûts à Luca Gargano afin de pouvoir les proposer lui même sur le marché avec les mêmes caractéristiques qui ont fait la réussite de la Demerara Series de Velier.


CREDIT PHOTO : RUM SHOP BOY


On a donc pu découvrir avec émotion de nouveaux embouteillages 100% vieillissement tropical d’Enmore, Albion, Diamond, Versailles et même Skeldon à degré élevé !

Mais force est de constater que les habitudes ont la vie dure, car la caramélisation semble malheureusement pour moi toujours présente.

Toutefois, ces rhums s’améliorent au fur et à mesure des nouvelles sorties et je reste plein d’espoir pour l’avenir !


CREDIT PHOTO : EL DORADO


J’ai eu le privilège de déguster le fameux EL DORADO 50 ans lors du VELIER LIVE 2018 à Parme.



Alors que l’édition 2017 célébrant les 70 ans de Velier avait fait grand bruit, l’importateur / embouteilleur italien avait décidé de remettre le couvert dès l’année suivante avec non plus un, mais plusieurs salons partout en Italie.


Planning chargé oblige, je décidai de me rendre à celui de Parme en Février qui me permettait de passer à Gênes (cf mon article sur le SAINT-ETIENNE 1959), ainsi qu’à Padoue pour voir mon meilleur ami italien (cf mon article sur le SAINT-JAMES 1885).




C’est en fin de matinée que j’arrivai à Parme afin de prendre le temps de me balader un peu en ville et de déguster un petit quelque chose pour me mettre en jambe.


Arrivé peu de temps après sur le parking du lieu où se déroulait le salon, j’avais rendez vous avec un autre ami italien afin de lui acheter une bouteille de Caroni Velier SC Eataly.


Le temps de déposer mes affaires au vestiaire et de checker mon ticket d’entrée, je pénétrai enfin sur ce magnifique salon.


J’y découvris de très nombreux stands des différentes marques présentes dans le catalogue Velier, bien des spiritueux (Gin, Whiksy...) que des produits pour la mixologie (Fever Tree, Italicus...).



Au centre de ce rez-de-chaussée, Angelo Canessa, mixologue chez Velier, animait déjà son stand grâce à ses magnifiques créations réalisées avec les embouteillages Velier (Clairin, Habitation Velier...).









À l’étage se trouvaient de nombreux stands avec fromages et charcuteries pour les convives, ainsi que de nouveaux stands de whiskies et enfin les stands de rhums.


J’y rencontrai Benoit Bail au stand Depaz et nous pûmes discuter rhum agricole (entre autres) un bon moment.









CREDIT PHOTO : BENOIT BAIL



J’y découvrais également Fredi Marcarini (RIP), le fameux photographe qui a réalisé les photos des étiquettes des bouteilles de Caroni.

Il avait un stand lui aussi et réalisait des portraits des invités du salon.

Après avoir discuté de son travail, j’en profitai pour lui demander si il acceptait de me prendre en photo.


C’était notre première rencontre et je suis réellement heureux d’avoir eu ce privilège.

Un homme charmant, hyper talentueux et plein d’humour.


CREDIT PHOTO : FREDI MARCARINI






Quelques heure après, c’est Luca Gargano qui me demanda de le prendre en photo avec Fredi !


Heureusement pour moi, la qualité du téléphone et la post prod’ me permit de faire illusion et d’immortaliser ce beau moment d’amitié.







Je croisai ensuite Lidwine, Chiara, puis Benedetta, une des filles de Luca, qui m’emmena voir son père au Salon Collector.









Luca était entrain d’y présenter à un cercle d’amateurs le 1er Clairin Ansyen.











Fidèle à lui même, à sa générosité et à son sens de l’hospitalité, il nous le fît déguster, puis dit à l’assemblée : « Bienvenue les amis ! Vous pouvez déguster toutes les bouteilles présentes ici qui vous font envie ! »

Et comme pour me taquiner, il rajouta : « Si une bouteille est fermée, demandez si vous avez le droit à Olivier Scars, c’est lui le chef du Bar Collector aujourd’hui ! ».




Ce qui est encore plus drôle, c’est que tout au long du reste de la journée, des gens sont effectivement venus me demander l’autorisation d’ouvrir telle ou telle bouteille !


Comme je le raconte dans mon article sur les deux premières cuvées CARONI EMPLOYEES, c’est suite à une discussion dans ce fameux Salon Collector avec Luca que ce projet de sélections commune vit le jour.






Pour le reste de cette magnifique journée, nous pûmes assister à une masterclass de Luca nous présentant ses nouveaux projets (Hampden 46%, 60% et Great House, 3 Indian Ocean Stills dont un Amrut qui ne verra finalement pas le jour, 4 Longpond, nouveaux Habitation Velier...), déguster de la délicieuse charcuterie découpée minute, ainsi que des rhums d’exception (Neisson 1991, Enmore 1995, Diamond 1996, El Dorado 50 ans...) et des whiskies tout aussi exceptionnels (Karuizawa 1981, Chichibu...).





Un superbe moment privilégié qui nous a été offert à nouveau par Velier et qui restera parmi les tous meilleurs salons auxquels j’ai eu le plaisir d’assister !





CREDIT PHOTO : EL DORADO


Il s’agit donc d’un rum EL DORADO de la distillerie DEMERARA DISTILLERS LIMITED du Guyana embouteillé pour fêter les 50 ans de l’indépendance du pays.



Assemblage de rums de 1966 pour 65%, 25% entre 1966 et 1976 et 10% de 1983, ce rum a été embouteillé en 600 exemplaires à 43% dans une carafe en cristal, numérotée, signée, ainsi qu’ornée d’un médaillon en or 18 carats.


Il est décrit comme réunissant les styles Albion, Skeldon et La Bonne Intention grâce à cet assemblage de rums distillés par une colonne Savalle, associé à un soupçon de rums distillés par le double alambic à repasse en bois, ainsi qu’un alambic discontinu John Dore.


CREDIT PHOTO : EL DORADO



La robe est acajou avec des reflets bronzes.


Au nez, il faut un peu d’aération pour que celui-ci se révèle pleinement.

On retrouve des notes de fruits secs (raisins secs), d’épices chaudes (vanille, cannelle), puis de de crème brûlée, de muscovado, de coco caramélisée, le tout soutenu par un beau boisé fondu.


En bouche, on n’a pas la sucrosité exacerbée et dérangeante du 25 ans (ouf !).

La puissance y est quelque peu discrète, trop à mon goût, surtout quand on connaît la belle puissance de l’Albion 1983 à 46,4% embouteillé par Velier à titre comparatif.


On retrouve la trame qu’au nez avec également des notes de cigare, de café et de chocolat noir.

Apparaissent ensuite des notes d’écorces d’orange, de fruits à coque (noisettes) et de toffee, là encore avec cet agréable boisé fondu.


Très belle longueur.


Comme nombreux amateurs de Demerara, j’attends toujours beaucoup des rums El Dorado, espérant inconsciemment retrouver l’intensité aromatique et la qualité des rums Demerara Series de Velier.

Quand on connaît le potentiel de cette distillerie, il est très difficile d’en faire abstraction pour juger un rum El Dorado.


Ce parti pris de produire un assemblage relativement consensuel, autant au niveau aromatique que puissance, ne me satisfait pas entièrement.

On aurait pu en effet imaginer retrouver des notes d’Albion ou de Skeldon vu l’âge des rums utilisés.


À mon sens, cela s’explique par les goûts du public visé par cette carafe hyper luxueuse.

On retrouve d’ailleurs cette problématique dans la grande majorité de ce type de cuvées dans le rhum et dans le cognac.

Selon moi, les acquéreurs de ces carafes sont pour beaucoup avant tout des collectionneurs et finalement pas tous de grands amateurs.

Un rhum avec un profil ayant d’avantage de caractère ou une palette aromatique moins consensuelle le rendrait donc plus clivant et par conséquence moins accessible.


Je reconnais toutefois à ce rum beaucoup de qualités aromatiques et gustatives.

Je salue également le fait qu’il ne soit que peu (voire pas ?) caramélisé.

Sans tenir compte du prix de cette bouteille et au-delà des remarques sus-citées, j’ai passé un très bon moment de dégustation : ⭐️⭐️⭐️


Vous aussi donnez vos impressions sur ce rhum grâce à l’application RUM TASTING NOTES juste ici.

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