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  • Photo du rédacteurOlivier Scars

SELECTION AVEC LUCA GARGANO: CARONI EMPLOYEES VELIER JOHN «D» EVERSLEY 1996 / DENNIS «X» GOPAUL 1998

Dernière mise à jour : 8 oct. 2020



Voici un récit que j’ai tardé à raconter, sans vraiment pouvoir m’expliquer pourquoi.

Parfois j’aime écrire juste après un événement de cette ampleur pour être le plus précis possible sur les détails encore intacts dans ma mémoire.


D’autres fois au contraire, je préfère laisser mûrir mes souvenirs de façon à y apporter une analyse pour bénéficier de plus de recul.




Mon amour pour les rhums Caroni remonte à de nombreuses années jusqu’à créer avec mon ami Jean-Paul le projet « CARONI 10 DAYS » qui consistait à déguster les 55 Caroni embouteillés jusqu’à lors par Velier pendant 10 soirées consécutives dans le but de pouvoir tous les comparer.


Depuis, Luca Gargano a sorti de nombreuses nouvelles cuvées me permettant de réaliser d’autres soirées de dégustation comparative Caroni jusqu’à arriver au 14ème jour que je devrais publier sous peu.



J’ai rencontré Luca Gargano (patron de VELIER) en 2016 au Whisky Live lors d’une masterclass qu’il donnait pour les festivaliers dont j’ai eu le privilège de faire partie puisque les places étaient très limitées.


J’ai depuis peu à peu noué des liens d’amitié avec lui à travers différents événements, en tout premier lieu les 70 ans de Velier à Milan.


C’est d’ailleurs lors de cet événement que je découvris les trois magnum Caroni sélectionnés par Luca et deux allemands fans de Caroni (Egon Hilpmann et Stefen Kerner).


Cette découverte me donna l’envie à moi aussi de réaliser ce rêve de sélectionner un Caroni avec Luca.


C’est l’année suivante lors du Velier Live à Parme que j’abordai le sujet avec Luca.


Alors que nous étions dans l’espace collector du salon et qu’une question lui avait été posée concernant les prochaines sorties Caroni, je lui fis part de mon rêve.

Il me répondit alors le plus simplement du monde : « C’est une très bonne idée, tu vas sélectionner avec moi les prochains Caroni. »



Je ne peux bien entendu pas prétendre bien connaître Luca, mais de ce que je connais de lui, je sais que c’est quelqu’un d’extrêmement généreux et un homme de parole.

Dès lors, j’étais le plus heureux du monde, car même si il n’y avait encore rien de concret, Luca m’avait prouvé par le passé qu’il n’y avait pas de mots en l’air avec lui.




Après en avoir discuté avec lui à nouveau par Messenger dans les mois qui suivirent, je reçus un message début Juillet de Luca me demandant si je pouvais venir à Gènes dès que possible.





Problème pour moi alors, j’étais en pleine tournée de concerts dans le Sud-Ouest de la France et je jouais d’ailleurs le soir même à Lacanau.

Certes ma tournée se terminait le Jeudi soir, mais j’avais le mariage d’un ami en Normandie le Samedi soir.


Ma seule possibilité était donc de remonter chez moi en Normandie le Vendredi, d’aller jusqu’à Paris prendre un avion dans la foulée de façon à dormir à Gènes le Vendredi soir pour pouvoir réaliser la sélection le Samedi matin avant de repartir dans l’après-midi pour pouvoir me rendre au mariage de mon ami le Samedi soir.

Sacré programme, mais les gens qui me connaissent savent que c’est le genre d’organisation qui me plaît, car liée à une belle intensité émotionnelle.


L’assistante de Luca me contacta pour prendre mes billets d’avion.

Ne souhaitant pas abuser de la générosité de mon hôte, je lui envoyai les horaires correspondant aux billets les moins chers, mais comportant une escale et nous laissant par conséquence moins de temps sur place.

Luca me contacta alors pour me demander si il existait un vol direct.

En lui répondant que oui et en lui expliquant mon souhait de ne pas lui faire dépenser trop d’argent pour ma venue, il me répondit que j’étais son invité et que le plus important était que nous puissions passer du temps ensemble.


Tout était donc organisé.

Après une courte nuit suite à un gros concert le Jeudi soir, j’ai pris la route de bonne heure le Vendredi matin jusqu’à Rouen.

Le temps de prendre une douche et de faire ma valise, j’étais déjà reparti sur la route en direction d’Orly où j’y déposai ma voiture avant de me rendre en salle d’embarquement.


De très gros orages frappaient le ciel de Gènes et retardaient le décollage.

Je pus prévenir Luca mais sans avoir la possibilité de lui donner un horaire exact d’arrivée.


Celui-ci me dit que son assistante m’avait réservé une chambre et qu’il me suffirait de prendre un taxi pour me rendre à l’hôtel une fois que j’aurais atterri.


Après plusieurs heures d’attente à l’aéroport, puis un vol très agité, je finis par atterrir à Gènes avec quasiment 4h de retard.


Luca avait essayé de me joindre et était très inquiet.

Je pus le rassurer, rejoindre ma chambre d’hôtel et organiser nos retrouvailles pour le lendemain matin 9h.



Réveillé vers 7h30, je constatai que Luca avait essayé de me joindre vers 6h30 me disant qu’il était déjà réveillé à cause d’une douleur à l’œil et que si j’étais disponible avant, il pouvait me rejoindre pour prendre le petit déjeuner avec moi.

Une fois arrivé à la salle de petit déjeuner, je vis Luca avec une probable conjonctivite.

Une chance, j’ai toujours un collyre antibiotique avec moi, car j’ai eu la malchance d’en faire beaucoup étant plus jeune.

Je lui appliquai une goutte et lui offris le flacon.

Un cadeau bien modeste, mais à peine une heure après, il semblait véritablement soulagé !


Le temps d’avaler quelque chose afin d’éviter d’affronter à jeun des rhums brut de fût à plus de 70% et nous nous mettions en route de la désormais célèbre Villa Paradisetto.




Les bureaux de Velier sont normalement fermés le week end, mais l’assistante de Luca avait tout préparer pour nous.


Dans la salle de brainstorming et de conception des assemblages étaient disposés les échantillons et de nombreux verres.








Je n’avais eu aucun détail concernant ce que nous allions sélectionner exactement.


En y regardant de plus près, je pus constater une feuille avec 2 tableaux permettant de déguster 8 rhums de 1996 et 8 de 1998.


Les 8 fûts Caroni de 1996 allaient de 66,73% à 69,34%, tant que ceux de 1998 allaient de 70,19% à 71,44%.


Luca m’expliqua alors son projet CARONI EMPLOYEES : rendre hommage à 16 anciens employés de la distillerie Caroni qu’il avait retrouvé lors d’un de ces voyages à Trinidad.

Son ami photographe Fredi Marcarini (RIP) les avait immortalisé sur de magnifiques clichés afin d’ illustrer bouteilles et boites dont je pus découvrir les prototypes.


Il s’agissait donc aujourd’hui d’inaugurer cette série en réalisant les 2 premières cuvées.


M’installant en face des verres et des échantillons, je lui demandai ce qu’il attendait exactement de moi pour ce travail.

En effet à l’époque, je n’avais encore jamais sélectionné aucun spiritueux et encore moins créé mon propre assemblage.

Egon et Stefen avaient sélectionné des single casks et naïvement je pensais que Luca allait me demander de réaliser la même chose.

Ma tâche était encore plus ardue, car il me fallait sélectionner des fûts dont l’assemblage allait permettre de créer un rhum encore meilleur que chacun de ceux qui le composent !



Impossible de me défiler et surtout absolument pas envie de le faire, je demandai alors à Luca comment est ce qu’il souhaitait procéder.


Celui-ci me répondît qu’il me fallait sélectionner 5 fûts de 1996 parmi les 8 présents afin de créer un assemblage cohérent, puis réaliser la même chose avec les fûts de 1998.


Pour la méthode en revanche, il me conseilla de déguster comme je le fais d’habitude notamment en salon.

Je mis alors la main tout d'abord sur un crachoir et de l’eau.




Nous servîmes les 8 rhums de 1996 dans 8 verres distincts, nous réalisâmes un premier tour de nez, puis nous les laissâmes aérer une bonne demi heure avant de nous y pencher à nouveau.









Nous les dégustâmes à tour de rôle une première fois en prenant des notes, puis une seconde fois avant de trancher et d’élire les 5 fûts qui nous plaisaient le plus et qui offraient le plus d’assurance de réaliser un assemblage de qualité.










Nous appliquâmes le même procédé de dégustation avec les 8 échantillons de 1998.


C’est un millésime chez Caroni que j’aime un peu moins par rapport aux 1996, il était donc essentiel pour moi d’imaginer un assemblage pouvant me plaire davantage que les 1998 déjà embouteillés.






Une fois cette étape terminée, Luca réalisa l’assemblage de chacun des 2 millésimes grâce un petit instrument en verre servant de décanteur afin d’homogénéiser les différents fûts.


Nous laissâmes cet outil travailler et nous partîmes déjeuner.

Luca avait acheté du poisson frais à son poissonnier préféré ce qui nous permis de déguster un délicieux plat une fois arrivé dans sa superbe villa.


Nous en profitâmes pour discuter de rhum, de ses différents projets, de voyages et de la vie en général.


Un moment rare où il n’y a pas des dizaines de festivaliers autour, ni de masterclass à donner, ni d’assistantes pour lui demander de valider X ou Y décision.



C’est en prenant le café assis confortablement chez lui que je me rendis compte de la chance que j’avais de pouvoir réaliser mon rêve de sélectionner ces deux Caroni avec et grâce à une des personnes que j’estime le plus dans le monde du rhum.


Nous repartîmes de nouveau vers la Villa Paradisetto où nous attendaient les deux blends.


La dégustation fut prometteuse, mais nous tombâmes d’accord sur l’intérêt de réduire un peu chacun de ces assemblages afin de gagner en ouverture, en expression aromatique et en qualité de dégustation.


Pensant l’exercice terminé et donc mon travail accompli, Luca me fit la surprise de me demander mon avis sur l’intérêt d’embouteiller brut de fut ou de réduire les prochains Habitation Velier Longpond White, Hampden LROK et Savanna HERR blanc.

Ma préférence alla vers les versions réduites qui furent d’ailleurs finalement sélectionnées pour les embouteillages.



Enfin, Luca me demanda de réaliser un autre exercice qui consistait à désigner mon degré d’embouteillage préféré des quatre Longpond (VRW 2006, STC<3E 2005, TECA 2003 et TECC 2007) parmi les réductions suivantes : 60%, 62%, 63% et 64%.


Cette dernière tâche réellement passionnante me permit de constater que l’expression du nez et la qualité de la bouche était très différente à 1% près.


Au final, je conclus que mon degré optimal pour ces rhums était 62%, sauf pour le TECA que je trouvai encore plus intéressant à 63%. 

Ces 4 rhums furent finalement embouteillés à 62,5%.


Après tant de bons moments passés avec mon hôte, il fût temps pour moi de regagner l’aéroport afin de pouvoir assister au mariage de mon ami le soir venu à Dieppe.



Environ un mois et demi plus tard, Giorgia Cassani, qui travaille avec Luca, me fit parvenir en exclusivité les étiquettes finales des deux cuvées que nous avions créées.

Quel plaisir de découvrir ces magnifiques étiquettes et boites avec les photos de Fredi !

Et quel honneur de découvrir mon nom sur les contre-étiquettes !

Un sentiment de fierté très intense s’empara de moi, le même que j’avais ressenti lorsque j’avais enfin reçu les pochettes de mon premier album en tant que chanteur en 2015.



La présentation officielle de ces 2 bouteilles allait se tenir à Paris au Whisky Live sur le stand Velier.

Nous n’avions rien prévu de particulier, je pus donc m’approcher discrètement du stand afin d’entendre les premiers retours des festivaliers.

Le 1996 sembla plaire à une majorité grâce à sa gourmandise tandis que d’autres préférèrent le 1998 et son caractère plus affirmé sur les arômes typiques Caroni.


Un Whisky Live qui aura donc eu pour moi une saveur toute particulière et qui restera gravé dans ma mémoire comme l’épilogue d’une incroyable aventure.




CARONI 1996 JOHN « D » EVERSLEY 22 ans 66,5% VELIER

CREDIT PHOTO : VELIER





Il s’agit donc d’un rhum de la distillerie Caroni de Trinidad fermée depuis 2003, distillé en colonne à partir de mélasse et vieilli pendant 22 ans sous climat tropical.


Il s’agit de l’assemblage des fûts numéro 3771 - 3773 - 3774 - 3813 - 3814, le tout réduit à 66,5% avant d’être embouteillé en 1192 exemplaires.





CREDIT PHOTO : VELIER



La robe est bronze avec des reflets rubis.


On retrouve un nez gourmand sur la coco, le lait concentré, la mélasse, les fruits jaunes associés à de discrètes notes d’hydrocarbures.


En bouche, on retrouve la coco de manière plus marquée associée à des notes d’hydrocarbures fondus.


Belle longueur.




Un Caroni gourmand qui plaira notamment au amoureux du Caroni 1996 Trespassers : ⭐️⭐️⭐️⭐️ (attribué par Jean-Paul)



Vous aussi laissez vos impressions et rédigez votre propre note de dégustation sur l'application RUM TASTING NOTES ici.




CARONI 1998 DENNIS « X » GOPAUL 20 ans 69,5% VELIER

CREDIT PHOTO : VELIER





Il s’agit d’un rhum de la distillerie Caroni de Trinidad fermée depuis 2003, distillé en colonne à partir de mélasse et vieilli pendant 20 ans sous climat tropical.


Il s’agit de l’assemblage des fûts numéro 3928 - 3932 - 3933 - 3934 - 3981, le tout réduit à 69,5% avant d’être embouteillé en 1151 exemplaires.





CREDIT PHOTO : VELIER



La robe est bronze.


On retrouve un nez puissant sur le boisé, le cigare tendant vers la cendre et les hydrocarbures. 


En bouche, c’est tout aussi puissant avec un boisé marqué associé à de la mélasse brûlée avec en toile de fond des notes d’essence et une finale un peu âcre.


Longueur correcte.




Un profil puissant plus tranché : ⭐️⭐️⭐️ (attribué par Jean-Paul)



Vous aussi laissez vos impressions et rédigez votre propre note de dégustation sur l'application RUM TASTING NOTES ici.

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