Voici l’histoire d’une bouteille que j’ai bien failli ne jamais recevoir tant son parcours à travers le monde fut tumultueux avant de finalement réussir à arriver chez moi !
Alors que j’étais en tournée de concerts au Cambodge et au Vietnam, je profitais de mon show à Ho-Chi-Minh co-organisé par mon ami Selecta Elpee pour boire un verre avec lui dans un des bars de la ville.
Alors que nous parlions de voyage et de rhum (pour changer !), il me montra une photo prise dans une sorte d’épicerie fine à Sapporo au Japon où vivent ses beaux parents.
Épicerie fine certes, mais dotée d’une surprenante cave de spiritueux très bien fournie en rhums, d’autant plus pour sa localisation très reculée !
Alors que je regardais les différentes bouteilles (Neisson, PMG entre autres), je cru reconnaître un des premiers embouteillages de Velier issue de la fameuse série bleue / Gauguin du fait de la couleur et du tableau sur l’étiquette.
Surpris, je lui expliquais alors ce que je savais de cette bouteille et pourquoi je trouvais incroyable qu’un caviste perdu au fin fond de Sapporo puisse avoir une telle rareté ! Amusé, il me répondit qu’il devait retourner prochainement dans cette région du Japon et que si la bouteille était toujours disponible, il me la prendrait et me l’enverrait avec plaisir.
Alors que je n’y songeais plus, je reçu un jour un message de sa part me confirmant qu’il m’avait acheté cette fameuse bouteille et qu’il me l’enverrait bientôt.
Pour avoir déjà reçu et envoyé des bouteilles de spiritueux au Japon, je savais que cela pouvait être très compliqué.
En effet, le Japon refuse de recevoir ou d’expédier de l’alcool à plus de 40% vers ou depuis la France, alors que cela est possible pour d’autres pays et notamment en Europe. Allez comprendre...
Il est donc préférable de ne pas dévoiler le contenu du colis et de renseigner les documents de douane de manière détournée en indiquant par exemple « Gift / Food from Japan ». Ayant complètement oublié d’en parler à Elpee qui naturellement ignorait cela, il remplit les papiers de douane en précisant la réalité du contenu du colis et je sentis que cette expédition ne se déroulerait pas aussi simplement que prévu. Ça ne manqua effectivement pas et le colis fut retourner aux beaux-parents d’Elpee chez qui il séjournait, car la douane avait refusé de l’expédier.
Habitant à Hanoï au Vietnam et étant déjà rentrer chez lui, mon ami devait alors trouver un moyen de récupérer la bouteille resté au Japon, tout en sachant que l’envoi d’alcool est également interdit entre le Japon et le Vietnam.
Elpee étant ami avec un chanteur japonais prénommé Takeshi avec lequel j’avais déjà partagé l’affiche le temps d’un concert à Hanoï, il demanda à ses beaux-parents d’envoyer le colis jusqu’à chez Takeshi à Eniwa au Japon, car il savait qu’il allait le revoir quelques mois après pour un festival à Hoi An au Vietnam et qu’il pourrait ainsi récupérer la bouteille.
Quelques jours après le festival, mon ami Elpee m’écrivit en me disant que Takeshi s’était fait voler une partie de ses affaires et qu’il n’avait pas encore de nouvelles de la bouteille. Fort heureusement pour moi, la bouteille était restée à son hôtel, car il avait oublié de la prendre avec lui au moment de rejoindre le site du festival. Le problème maintenant était d’attendre que Takeshi revienne à Hanoi un jour pour donner la bouteille à Elpee.
Il me fallu donc attendre quelques mois de plus pour avoir de nouveau des nouvelles.
Elpee l’avait bien récupéré et s’apprêtait à me l’envoyer.
Cette fois sur les documents de douane et pour éviter tout problème lors d’envoi d’alcool entre le Vietnam et la France, il fut volontairement vague sur le contenu du colis.
Alors que je pensais que cette histoire allait enfin prendre fin, Elpee m’écrivit quelques semaines après pour me dire que le colis lui avait été renvoyé, car la douane vietnamienne l’avait ouvert et qu’il est également interdit d’envoyer de l’alcool à plus de 40% entre le Vietnam et la France...
Le sort s’acharnait donc définitivement sur nous et les deux solutions qu’il restait étaient soit que j’aille directement chercher la bouteille au Vietnam, soit qu’un de mes amis ou un des siens habitant en France fasse l’aller/retour pour la rapatrier.
Après quelques mois d’attente, David, un ami d’Elpee accepta cette mission lors de ces vacances chez Elpee.
À son retour en France, David m’envoya la bouteille qui arriva au Havre chez mon père qui fut très surpris de découvrir autant d’autocollants de pays différents sur un même colis !
N’habitant plus pour ma part au Havre, j’ai donc du attendre encore un peu avant d’enfin récupérer cette fameuse bouteille après plus d’un an d’attente.
L’expression « Tout vient à point à qui sait attendre » n’a jamais eu autant de résonance en moi que depuis cet odyssée !
Il s’agit donc d’un vieux rhum de la Barbade de 1986 distillé par un alambic à repasse Rockley Still par la West Indies Rum Distillery parfois surnommée Blackrock Distillery ou encore Rockley Distillery.
Ce rhum de 11 ans d’âge vieilli sous climat continental a été embouteillé à 46% par Thomson and Company à Liverpool pour Velier.
La couleur est or clair.
Au nez, c’est frais et végétal (eucalyptus), épicé (poivre gris) et finalement peu fumé comme on pourrait s’y attendre sur ce type de rhum issu d’un Rockley Still.
En bouche, on retrouve des notes d’épices (gingembre, poivre) associées à des notes fraîches de fruits blancs (pomme verte), ainsi que de feuilles de cigare, puis de cendres.
Longueur correcte.
Un rhum finalement peu caractéristique du style Rockley Still : ⭐️⭐️
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