Ma visite du Domaine du Marquisat de Sainte-Marie ne s’arrêta pas à ma visite de la distillerie Longueteau (cf article dédié).
Profitant de la présence sur ce superbe site d’un autre grand nom du rhum, j’avais écrit à Estelle Hayot (directrice marketing Karukera) afin de prendre rendez vous avec Gregoire Hayot, le directeur général et maître de chai de chez KARUKERA.
Ma visite commença par rencontrer Gregoire et discuter longuement avec lui dans son bureau.
Une discussion très intéressante qui me permis de comprendre le pourquoi et le comment de Karukera.
L’histoire des rhums Karukera est intimement liée à celle de Longueteau.
En 2005, François Longueteau Père rachète à son père le domaine agricole du Marquisat de Sainte-Marie et la distillerie Espérance située au cœur du domaine avec comme objectif de maintenir l’héritage familial.
La production de la distillerie porte alors sur du rhum blanc et du rhum ambré embouteillés sous deux marques qui font la renommée familiale : les rhums Mon Repos et Longueteau.
Ingénieur de formation et après un passage en tant que directeur financier de la distillerie Damoiseau, Gregoire Hayot souhaite développer les rhums vieux en Guadeloupe pour lesquels il croit énormément en leur typicité.
C’est avec François Longueteau Père qu’il s’associe pour créer le Marquisat de Sainte-Marie afin de bénéficier d’un outil de production à la hauteur de ses ambitions où la qualité et la fraîcheur de la matière première (la canne à sucre) sont au cœur des priorités de la distillerie.
Karukera n’est donc pas une distillerie, mais un éleveur de rhum comme cela existe également dans le Calvados (cf mes articles sur les Calvados Monin, La Maison du Père Tranquille, Lelouvier et Cave Chatel).
En effet, Karukera reçoit le rhum de coulage (brut de colonne) directement depuis l’unité de distillation de Longueteau.
C’est fin 2006 que Karukera met ses premiers rhums à vieillir dans 87 fûts provenant de chez Séguin Moreau.
En 2007 naît le chai dans lequel se trouve outre une zone de vieillissement, un atelier pour l’affinage du rhum blanc, un atelier de conditionnement, des zones de stockage, un laboratoire, ainsi qu’une zone d’accueil touristique et une boutique partagée avec Longueteau.
Le distillât utilisé par Karukera provient donc des cannes à sucre de la plantation du domaine du Marquisat Sainte-Marie.
Cette plantation de canne à sucre s’étend sur 70 hectares constitués de deux variétés de cannes à sucre dont la canne bleue utilisée par Karukera pour ces rhums.
La fermentation est réalisée par Longueteau grâce à des levures de boulanger.
La distillation quant à elle se fait à l’aide de leur belle colonne créole en inox constituée de 28 plateaux.
Le rhum brut de colonne va être affiné en cuves aérées pour produire les rhums blancs de la marque Karukera et notamment le fameux rhum « L’Intense » dont je reparlerai un peu plus tard.
Le chai de vieillissement est constitué de 650 fûts dont la très grande majorité sont des fûts ex Cognac et de très peu de fûts ex Bourbon.
Gregoire est un réel amoureux du vieillissement et prend énormément à cœur sa casquette de maître de chai pour laquelle il emploie tout son talent.
Il est vrai qu’il existe une multitude de variables rentrant en compte dans le vieillissement d’un rhum et chaque variation d’un seul paramètre influera inéluctablement sur le rhum final.
Tout en discutant vieillissement, Grégoire me fit déguster à même le fût différents rhums en cours de vieillissement.
Un vrai régal qui promet de futurs rhums de grandes qualité.
La gamme des rhums Karukera est fournie et bien pensée.
Karukera Silver et Karukera Gold sont conçus pour les cocktails.
Des rhums légers et réduits à 40% pour s’adapter aux besoins de la mixologie.
Le suite de la gamme est constituée du Karukera Blanc « Canne Bleue » 50%, Karukera Vieux Agricole, Karukera Réserve Spéciale et de la Cuvée Christophe Colomb (mon 1er Karukera !) qui est un assemblage de rhums Hors d’âge.
Parmi les sorties de ces dernières années, il faut évidement cité le rhum blanc L’Intense dont le Batch 3 vient tout juste d’être commercialisé.
Il s’agit d’un rhum blanc à haut degré ayant subi 42 semaines d’affinage.
Présenté en grande pompe au Rhum Fest 2016, le 1er batch avait fait forte impression tant ses qualités aromatiques étaient mis en avant par ce long travail d’affinage.
CREDIT PHOTO KARUKERA / RHUM CLUB POITOU-CHARENTES
Présenté au Whisky Live en 2016 également, « L’Expression 2008 » est un superbe millésime vieilli en fûts neufs de chêne français et embouteillé à son degré naturel.
Le « Select Cask 2009 » a quant à lui vieilli en fûts de Cognac.
CREDIT PHOTO : KARUKERA
Dernier né de la marque, Karukera Black Édition Alligator est un rhum ayant bénéficié d’un affinage en fûts neufs brûlés.
CREDIT PHOTO : KARUKERA
KARUKERA FÛT 65 48,3%
Sélectionné par Luca Gargano pour les 70 ans de Velier, ce rhum est un single cask (fût de chêne français numéro 65) du millésime 2006 (unique fût restant de la toute 1ère mise en vieillissement) de plus de 10 ans d’âge embouteillé brut de fût à 48,3% et non filtré à froid en 209 exemplaires.
Carafe en cristal et coffret en chêne massif participent à ériger cette cuvée au rang de rhum collector dans toute sa splendeur.
CREDIT PHOTO : JEAN-CLAUDE LINTEA
C’est lors des 70 ans de Velier à Milan que j’ai eu l’occasion de déguster ce superbe rhum.
La robe est cuivrée.
Au nez, on trouve des notes de fruits exotiques très mûrs (ananas, banane), des épices chaudes (muscade) et un beau boisé.
La bouche est généreuse, sur des notes suaves de fruits exotiques et de fruits jaunes très mûrs associées à des notes d’épices et de fèves de cacao.
Le boisé toujours présent accompagne les autres arômes tout au long de la bouche sans jamais prendre le dessus.
Belle longueur.
Un très beau rhum qui porte avec brio le poids de son histoire : ⭐️⭐️⭐️⭐️
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